jeudi 16 décembre 2010

LA NEIGE ET LE PERCE-NEIGE


C'était avant la distribution des couleurs.....

Est-ce que tout le monde était gris ?

Est-ce que personne n'avait de couleur du tout ? Je ne sais pas.....

En tous cas, un jour, le Grand-Maître des Choses distribuait les couleurs :

Au coquelicot........ le rouge écarlate.

A l'églantine.......... le rose délicat.

A la campanule..... le bleu, le même bleu qu'il avait donné au ciel.

Et puis, il y avait les coquets et coquettes qui prenaient un petit peu de ceci, un petit peu de cela.

Les oiseaux surtout : le martin pêcheur, la huppe, le pinson, la pie même, qui endossa son superbe habit bien raide "en queue de pie" avec du blanc pur et du noir bleuté..... D' une élégance !

Et voilà comment se fit la distribution des couleurs, pour chacun....

Oui.... Mais.. Tout le monde n'était pas venu à cette distribution.

La neige, par exemple. Est-ce qu'elle était si paresseuse que ça ? Est-ce qu'elle s'était endormie dans un coin ? Est-ce que trop modeste, elle n'avait pas voulu se mettre dans la file ? Allez savoir !! Toujours est-il que , quand elle arriva enfin à la distribution, c'était fini, plus une seule petite couleur disponible.

Comme elle était malheureuse la neige, toute seule, sans aucune couleur ! Elle en pleurait tous les flocons de son corps. Alors, elle partit voir ses amis...

Pas question de rattraper les oiseaux, ils étaient tous fous et volaient trop vite, dans tous les sens.

Non.... Elle s'approcha de l'églantine. Elle se serait bien vue, étalant au sol sa grande robe de mousseline rose... Mais l'églantine ne voulut pas partager.

Alors, elle s'en alla voir le myosotis... Du bleu..... Oui, elle deviendrait une belle neige bleue.... Mais le myosotis, tout petit mais tout fier, a refusé...

Enfin, la pauvre neige, de plus en plus triste, alla voir le bouton-d'or, le pissenlit, la fière jonquille..... Même l'herbe et les arbres. Pourquoi pas une belle neige vert-tendre comme la feuille du bouleau au printemps ???
Mais, même les petites herbes, même les grands arbres détournèrent la tête....

C'est à ce moment, qu'une toute petite, toute modeste fleurette appela la neige.

- Neige, si tu le veux, je veux bien partager ma couleur avec toi, dit la fleur en penchant gentiment sa modeste tête blanche.

Alors, la neige participa enfin à la distribution, la neige eut enfin une couleur, elle devint blanche comme la petite fleur, d'un blanc étincelant, et fièrement, elle put étaler sa longue robe toute blanche et danser sur la terre.

Depuis ce jour, quand la neige étend sur la terre sa belle robe blanche étincelante, toutes les fleurs et tous les arbres qui n'ont pas voulu partager leur couleur, se cachent.... De honte, disparaissent ou se déshabillent....

Seule, une petite fleur, une toute petite fleur blanche, penche toujours tendrement sa tête sur son amie la neige à qui un jour elle a donné sa couleur....

Et cette toute petite fleur, on l'appelle tout simplement : LE PERCE-NEIGE........

jeudi 9 décembre 2010

LE PETIT CHOU QUI NE VOULAIT PAS FLEURIR



Il y avait une fois, un petit chou qui ne voulait pas fleurir.

- Hé ! Antoinette !

- Que me voulez-vous ???

- Va-t'en arroser le petit chou !

- J'aime mieux me promener....

- Petit chien, va-t'en mordre les mollets d'Antoinette !

- J'aime mieux ronger un os....

- Branche, va-t'en battre le petit chien !

- J'aime mieux demeurer sur l'arbre....

- Feu, va-t'en brûler la branche !

- Elle est toute verte ! Elle ne ferait que fumer !!!!

- Eau, va-t'en éteindre le feu !

- J'aime mieux courir à travers le pré fleuri !

- Vache, va-t'en boire l'eau !

- Je n'ai pas soif.

- Boucher, va-t'en tuer la vache !

-Elle est trop maigre !

- Mort, emporte le boucher !

- J'y vais.

Alors le boucher dit ;

- Je vais tuer la vache.

- Maintenant, j'ai soif dit la vache.

L'eau dit ;

- Je vais éteindre le feu.

Le feu dit ;

- Je vais brûler le bois vert.

La branche dit ;

- Je vais frapper le petit chien.

Le petit chien dit :

- Je vais mordre les mollets d'Antoinette.

Et Antoinette dit ;

- Je vais arroser le petit chou....

Alors..... Le petit chou se mit à fleurir.....


vendredi 3 décembre 2010

CONTE DE LUNE

Il était une fois une panthère voyageuse, au parfum de myrtille et sans logis. Une nuit, qu'elle avançait, droit devant elle sans jamais se retourner, à la recherche de sa terre, elle vit devant elle une montagne à contre-lune.

La montagne respirait lourdement. Une respiration saccadée, vibrante, sonore..... Au point, que la terre en tremblait. Mais la montagne était ..... un lion.....un petit lion endormi dans la brousse. Il fermait les yeux pour faire semblant de ne pas voir la forme inquiétante qui avançait. il l'imaginait plus sauvage et plus inquiétante qu'elle ne l'était. Une lionne peut-être ???? Une chasseresse qui l'empêcherait d'être libre.... Seul, un parfum de myrtille et de voyage lui faisait deviner qu'elle pouvait être douce.

Pendant ce temps, la panthère se demandait comment escalader cette montagne. Elle n'a pas pensé à la contourner !!!! Elle n'avait jamais vu une montagne aussi puissante. Elle la sentait vibrer sous ses pattes.

Un petit singe passa par là, il regarda tour à tour la panthère, figée devant cette grande masse ocre et le lion qui faisait semblant de dormir. Le petit singe se mit à rire.

- Mais, pourquoi restes-tu là, arrêtée devant un lion, il a peur de toi..... Tu ne crains rien.....

- Ce n'est pas un lion..... C'est.....Ma montagne répondit la panthère.

- Je t'assure que c'est un lion et un lion ne peut pas être ta montagne...

La panthère ne bougeait pas. Le lion qui avait tout entendu, ouvrit un oeil. Il vit tour à tour la panthère et le singe et se dit qu'il était d'accord avec le singe, il ne pouvait pas être une montagne. La panthère ne ressemblait à aucune lionne, elle était noire, lisse, elle semblait plus forte, plus guerrière. La panthère s'approcha de la montagne (le lion) et se frotta doucement contre lui. Une bouffée de douceur envahit le lion.

- N'aie pas peur de moi, dit la panthère. Je cherche ma terre, pour voyager plus loin, ma terre ocre de soleil, un petit prince, je cherche un sourire dans le silence et les chants de la plaine, je cherche une petite montagne triste d'avancer seule. J'ai l'air puissante et dure pour cacher ma douceur, féroce contre ma tendresse et noire contre ma pureté. Deviens ma montagne, mon petit bout de terre et nous voyagerons ensemble.

Le petit singe avait tout écouté et ne pouvait pas croire que la panthère continuait de prendre le petit lion pour une montagne.

Le petit lion regarda à nouveau la panthère, mais cette fois-ci au lieu de la regarder du dehors, il plongea dans ses yeux et il vit tous les voyages qu'elle avait faits, tout l'amour qu'elle pouvait donner, sa tendresse. Tout ce qu'il n'avait pas vu d'abord.

- Petite panthère, dit le lion tu ne me fais plus peur. Je devine maintenant qui tu es. Tu cherches une montagne ??? Je ne suis qu'un lion. Mais, je veux bien t'accompagner pendant ton voyage et te protéger si tu as besoin de moi. Regarde mes griffes qu'on ne voit pas quand je dors, je pourrai mordre si on te fait du mal, et te tenir chaud quand tu auras froid.

La panthère le regarda longtemps sans rien dire. Finalement, elle s'avança vers le lion et lui dit à l'oreille :

- Tu seras toujours ma petite montagne.........