vendredi 18 mars 2011

LA VALLEE DES PAPILLONS


En ce temps là, la vie coulait paisible sur le village indien.
Parmi les villageois, était une jeune femme qui partageait le tipi familial avec son époux et leur bébé.

Un matin de grand silence, la jeune indienne abandonna soudain le tas de glands qu'elle s'apprêtait à piler, glissa sur son dos l'enfant qui rampait à ses côtés, noua à sa ceinture un tablier d'écorces de saule et s'en vint sur la prairie immense..... Le soleil étincelait et le ciel sur les collines semblait plus bleu. Elle posa le bébé et se mit à cueillir les grains sauvages des hautes graminées.

Un papillon vint se poser devant sa main. Il agitait lentement ses ailes d'une beauté à couper le souffle, des couleurs d'une délicatesse, d'une harmonie sans pareil. Elle approcha doucement la main. Le papillon alla se poser plus loin. Elle s'approcha, elle brûlait de s'en saisir. D'un coup d'aile, le papillon était à la basse branche d'un chêne.

Un battement d'aile entraînait l'autre, pour la jeune femme un pas s'enchaînait sur un autre.

A chaque instant, elle croyait tenir le bel insecte. Et, chaque fois, le papillon de rêve se retrouvait à dix pas.

Fascinée, subjuguée, elle suivit à petits bonds l'inapprochable papillon. Le soleil grimpa dans le ciel, il atteignit son zénith, il rougit à l'horizon, elle suivait toujours le papillon qui toujours, restait à portée du désir, se dérobant sans cesse devant ses doigts.

Mari, enfant, parents, village, elle avait tout oublié pour suivre encore et encore le fabuleux papillon.

Au crépuscule, si loin de son bébé, de son époux, de son tipi, elle ferma les paupières en essayant une dernière fois de saisir les ailes de lumière. Le papillon merveilleux dansait encore devant ses cils lorsqu'une main très douce caressa son épaule. C'était l'aube, le soleil séchait la merveilleuse parure d'un homme beau à pleurer.

- Je suis le papillon que tu as voulu saisir hier, avec tant de force. Me voici.

La jeune femme resta sans voix, fascinée, émerveillée.

- Si tu me désires toujours autant, femme, alors suis-moi. Nous allons marcher jusque chez moi. Mais, prends garde. Quoiqu'il se passe, mets toujours tes pas dans les miens.

La jeune indienne se leva et mit ses pas dans ceux de l'homme-papillon. Elle avait oublié tout ce qu'elle avait laissé derrière elle.

L'homme-papillon marchait devant elle. Elle avait saisi fermement sa ceinture et marchait dans ses pas. Dans cette vallée radieuse, voletaient des papillons par milliers, comme s'il en pleuvait. Plus délicats les uns que les autres, plus doux, plus légers, plus nombreux peu à peu que les grains de sable des rivières.

La jeune femme regardait, silencieuse, ébahie, les yeux virevoltants de l'un à l'autre. Les voici qui frôlent ses épaules, ses joues, le soleil dansant sur leurs ailes, les irisant de velours.

La marche de la jeune indienne devenait hésitante. De voir cette multitude, ce foisonnement d'ailes enchantées, sa main se tendait pour saisir une fois..... deux fois, son autre main...... une fois, deux fois...... Cet autre encore, si beau, trop beau...... et celui-ci...... Elle se mit à courir, à sauter, encore et encore au milieu de ce jaillissement de pétales soyeux.

Elle avait quitté les pas de l'homme-papillon. Elle se retrouva seule au milieu d'un tourbillon de couleurs, perdue dans la vallée des papillons.

On raconte, que dans cette merveilleuse vallée des papillons, de temps à autre lorsqu'on s'y promène, on croise une jeune femme, courant après de magnifiques papillons.

Ne vous étonnez pas, elle ne vous voit pas......... Elle ne vous entend pas......

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