mercredi 9 mars 2011

MAHURA, LA FILLE QUI TRAVAILLAIT TROP



En ce temps là, le Ciel vivait sur la Terre.

Ses fils, les nuages, tourbillonnaient et roulaient au ras du sol, s'accrochant aux branches d'acacias.

Sa fille, la Pluie, adorait arroser le monde du haut des grands palmiers, et son plus grand plaisir était de se mêler aux eaux joyeuses des fleuves.

D'ailleurs, en bons voisins, le Ciel et la Terre se rendaient de menus services.

Par exemple, quand la sècheresse sévissait, le Terre s'adressait directement au Ciel pour arroser ses champs et abreuver ses bêtes. Et le Ciel lui envoyait sa fille, la Pluie.

Mais un jour, la Terre eut une fille, Mahura...

Aussi intelligente que belle et très attachée à sa mère, Mahura sortait son grand mortier de la case maternelle et pilait, écrasait, broyait les grains de mil et les racines de manioc.

Elle pilait, pilait, inlassablement.

Mais le pilon était long, si long, que chaque fois qu'elle le soulevait, il venait cogner douloureusement le front du Ciel.

- Oh ! Pardon, Ciel ! s'excusait-elle. Veux-tu te pousser un peu ? Je n'ai pas assez de place pour mon pilon.

Et le Ciel, maugréant et se frottant la bosse qu'il avait sur le front, se haussait un peu.

Mahura poursuivait sa besogne. Un, deux, trois coups de pilon !

- Ah ! Pardon, Ciel ! s'exclamait la jolie fille tout à son ouvrage. Pousse-toi encore veux-tu ?

Et le Ciel de se hausser encore, aussi furieux qu'embarrassé. Que faire, en effet, contre une fille qui travaille avec tant d'ardeur ?

Mahura, quant à elle, pilait toujours. Et plus elle pilait, plus le pilon s'allongeait, s'allongeait et heurtait le Ciel qui s'éloignait chaque soir un peu plus, emportant avec lui ses fils, les Nuages facétieux, et sa fille, la Pluie qui pleurait..... Qui pleurait....

Tous les jours, la même scène se renouvelait. Il n'en pouvait vraiment plus, le Ciel !!! Son front était tout bosselé et tuméfié par le pilon de Mahura.

Un soir, il résolu d'en finir. Il venait de recevoir tant de coups, qu'il se fâcha !

- Ah, tenez, je vous abandonne ! Prenez-la donc, votre Terre et gardez-la pour vous !!! Là où je vais, foi de Ciel, jamais pilon ne m'atteindra !! Adieu !!!

Rappelant alors à lui les myriades de petits nuages et la Pluie, désolée d'abandonner fleuves et marigots, le Ciel s'en alla si haut, si haut, que la Terre s'en inquiéta.... Et, s'il allait à disparaître ????

Mahura, elle, resta près de sa mère, avec son pilon, ses mortiers et ses grains.

Un jour pourtant, le Ciel lui manqua. Les nuages la saluaient de trop loin à présent, et la jolie Pluie n'avait plus aucune conversation tant elle était fatiguée de tomber de si haut.

Alors, Mahura voulut se faire pardonner.

Dans l'eau de fleuve, elle trouva une énorme pépite d'or et au fond d'une caverne, elle ramassa un beau caillou d'argent.

A la pépite, elle donna le nom de Soleil, et au caillou celui de Lune. Puis, elle les expédia, tout là-haut avec des messages d'amitié pour le Ciel.

Mais le Ciel, lui, ne revint jamais sur Terre.



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