samedi 12 avril 2014

LE PETIT COQUELICOT

Il était une fois un petit coquelicot.

Mais ce petit coquelicot ne se trouve pas beau. Ce qui le gêne surtout, c'est sa couleur. 

Si seulement il était rouge pâle, mais non,  il est rouge vif !

Alors que lui, si timide, aurait préféré ne pas se faire remarquer, en poussant tout seul dans un grand champ de blé. Le blé, c'est tellement beau ! Tout le monde s'émerveille devant un champ de blé. Et le petit coquelicot passerait inaperçu, bien entendu.

 Et bien non ! Qui peut ne pas voir un seul petit coquelicot au milieu d'un grand champ de blé ?
Personne. Au contraire ! On s'extasie, on s'émerveille, on s'interpelle : regardez, un petit coquelicot ! Comme il est joli ! Comme il est beau !

Décidément il va lui falloir  trouver une autre idée..... Le petit coquelicot est perdu dans ses pensées lorsque trois enfants passent près du champ de blé. Il tourne ses pétales pour les entendre mieux.

"Oh regardez ce petit coquelicot, il est magnifique, vous l'avez vu ?"

Et les trois enfants s'éloignent en chantant : J'ai descendu dans mon jardin.....

Alors le petit coquelicot devient encore plus rouge. Rouge de plaisir, rouge de bonheur, du bonheur de se sentir aimé ! Car il vient de découvrir qu'il peut être heureux, mais surtout rendre heureux !

Depuis ce jour, le petit coquelicot est encore plus rouge, et n'en rougit pas.

Il n'essaiera plus jamais de se cacher... Bien au contraire !

samedi 20 octobre 2012

LE LOUP PENDU

Il y avait un jour un homme qui se promenait dans un bois, quand tout à coup il a entendu appeler...

- Hé l'homme ! Hé l'homme ! L'homme !!

C'était un loup, un loup qui était pendu par une patte arrière à la fourche des deux branches d'un vieil arbre et qui ne pouvait plus se libérer....

- S'il te plaît l'homme, libère-moi, regarde.... mes oreilles sont rouges, mes yeux sont injectés, ma truffe est brûlante, je vais mourir.. S'il te plaît, libère-moi ...

- Oh là ! A rétorqué l'homme, si je te dépends tu vas me dévorer...

- Mais non ! Si tu sauves ma vie, je te laisserai la tienne....

L'homme est allé faire un tour dans le bois pour réfléchir.... et comme APPAREMMENT c'était un homme qui avait le respect de la vie, il est revenu et.... a dépendu le loup.

Bien ! Imaginez-les maintenant, tous les deux assis côte à côte sur une vieille souche, ils parlent de tout, se racontent des histoires d'homme, de loup, évoquent la pluie et le beau temps....

Quand tout à coup, le loup se rapproche de l'homme......

- L'homme, il faut que je te dise quelque chose....

- Eh bien, parle....

- J'ai envie de te manger !!! 

- Ah ça non !! Je t'ai sauvé la vie et tu avais promis... décidément le loup tu n'es pas un animal de parole !!

- Je sais, mais je n'y peux rien, c'est dans ma nature !! Connais-tu l'histoire du scorpion et de la grenouille ????

- Allez, raconte !!

Et le loup raconte l'histoire : " Il était une fois un scorpion qui voulait traverser une rivière....Mais les scorpions ne savent pas nager... Sur la même rive, il y avait une grenouille qui s'apprêtait à traverser....

- Hé, la grenouille, est-ce-que tu me prendrais sur ton dos pour aller de l'autre côté ???

- Sûrement pas, tu vas me piquer et je vais mourir, répond la grenouille.

- Mais non ! Je ne ferai pas cela, ce serait stupide, si je te tue, je me noie...

- C'est vrai ! Allez, monte !!!

Et la grenouille s'est mise à nager, mais au milieu de la rivière, elle a senti la queue du scorpion qui se raidissait... Et, il l'a piquée de son dard, juste derrière la tête...

- Mais qu'as-tu fait, a crié la grenouille, nous allons maintenant mourir tous les deux...

- Je sais, a répondu le scorpion.... je n'y peux rien.... c'est dans ma nature

Ils en sont morts tous les deux !!!!

- Tu vois l'homme, c'était dans la nature du scorpion de piquer la grenouille, eh bien moi, je vais te manger...

- Ecoute, on pourrait demander à trois témoins de juger de notre affaire ! Regarde cette vieille jument qui arrive, elle a l'air bien sage... Hé, la jument, tu vois ce loup ?  Eh bien, il était pendu par une patte arrière, la tête en bas, je lui ai sauvé la vie et maintenant il veut me manger... Qu'en penses-tu ???

- Oh moi, a dit la jument, je ne pense rien, tu vois l'homme quand j'étais jeune et vive, quand je traînais la charrue et tirais la charrette... on me donnait bien à manger, mais maintenant que je suis vieille, on m'oublie, et on m'a mise au fond du pré où je tourne comme un cheval malade !! Alors l'homme, vois-tu, qui sème le bien récolte souvent le mal !!!

- Ha, ha, a ri le loup, un point pour moi !!!

- Tiens, voilà notre deuxième témoin, a repris l'homme, cette vieille chienne, sage parmi les sages.... Hé la chienne, tu vois ce loup ? Eh bien, il était pendu par une patte arrière, la tête en bas, je lui ai sauvé la vie et maintenant il veut me manger.... Qu'en penses-tu ???

- Oh, oh, a répondu la chienne, tu sais l'homme, lorsque j'étais jeune, que je ramenais le troupeau, que je défendais la maison, là, on me considérait, mais maintenant que je suis âgée et usée, on m'a attachée dans une cabane, au fond du jardin et j'en crève l'homme, j'en crève !! Alors souviens-toi... Qui sème le bien récolte souvent le mal !!!

- Ah ça ! dit le loup, je peux te manger tout de suite !!!

- Attends, attends, on avait dit trois témoins !!! Tiens, voilà Goupil le renard...dit l'homme affolé.  Hé ! renard, tu vois ce loup ?? Il était pendu par une patte arrière, je  lui ai sauvé la vie et maintenant il veut me manger.....

- Hé  l'homme tu vas trop vite, je ne comprends rien à ton histoire, le loup ? quel loup ? celui-là ? l'arbre? quel arbre ? celui-là ?? Bon !! Afin que je comprenne mieux, le loup, peux-tu te remettre dans la position dans laquelle tu étais quand l'homme t'a trouvé ???

Et il l'a fait, ce qui fait qu'à nouveau le loup ne pouvait plus se dépendre...
Le renard a souri.

- Décidément le loup, tu es fidèle à ta réputation !!! Toujours aussi stupide.... Adieu....

Et l'homme et le renard sont partis sur le chemin, l'homme disait au renard !

- Ecoute, je te dois la vie, demain viens à la lisière du bois et je t'apporterai, pour te remercier,  deux belles poules bien grasses.

DEUX BELLES POULES BIEN GRASSES, le renard en a rêvé toute la nuit, DEUX BELLES POULES BIEN GRASSES.
Et le lendemain matin il était là, à la lisière du bois. L'homme aussi était là, mais.... des deux sacs qu'il avait avec lui, ce ne sont pas deux poules qui sont sorties, mais deux énormes chiens qui ont broyé le renard.

Eh oui, ici comme ailleurs, quelquefois, souvenez-vous..... Qui sème le bien peut récolter le mal....




mardi 7 août 2012

LE VIEUX MONSIEUR DU BORD DE SEINE



Je me promenais un jour au bord de la Seine, à Corbeil, là où les moulins ont l'air de vieux châteaux qui projettent leurs ombres sur l'eau. Un monsieur fort âgé vint marcher à mes côtés.

- Faites comme si de rien n'était, me dit-il, nous ne nous connaissons pas (j'avais du mal à l'entendre à cause des gros camions qui passaient en trombe sur la route) connaissez-vous les histoires de ce pays ? Répondez-moi franchement.

Je fis non de la tête.

- Le contraire m'aurait étonné, répondit l'homme âgé, moi-même je les ai toutes perdues.

- Et pourquoi ?

- Mais parce qu'ils ont trop remué la terre et que les gens n'arrêtent plus de bouger ! Où voulez-vous qu'elles se logent quand plus rien ne tient en place ?

Je n'avais jamais pensé à cela.

- Tout de même, elles doivent bien être quelque part ! m'écriai-je. Elles n'ont pas pu disparaître.

- Qui sait ? Qui sait ?

Je me promenais au bord de la Seine, à Corbeil, et le monsieur qui marchait  à côté de moi me fit soudain un petit signe en soulevant son chapeau, puis accéléra le pas, si vite, si vite, que jamais je ne pus le rejoindre.

"Tout de même, tout de même, me suis-je dit, les histoires ne s'évanouissent  pas comme cela ! Elles en ont vu d'autres !"

Et comme je me mis à chercher, je tombai  sur la piste d'un arbre, mais écoutez plutôt.....

lundi 6 août 2012

LE SOIR OU L'ORME A MARTIN DELIVRA TOUS SES CONTES

Sur le plateau d'Evry était un très vieil arbre qui trônait comme un roi solitaire ; son écorce était si ridée qu'on aurait dit un parchemin d'avant le déluge. On l'appelait l'Orme à Martin.

Un jour, les hommes décidèrent de construire une ville d'un seul coup, une ville nouvelle du jour au lendemain, ou presque. Il y a déjà longtemps de cela puisque ceux qui l'ont vu naître ne pourraient plus dire comment c'était avant, non plus vraiment. Un paysage en chasse un autre, comme le font les nuages dans le ciel, les jours de vent.

A ville nouvelle, gare nouvelle et nouvelle voie ferrée, tout de nouveau, c'est comme cela. l'Orme à Martin tombait juste sur le nouveau tracé.

- Tout de même, tout de même,  il ne faut pas l'abattre, détournons le tracé.....

Et les dessinateurs, dans leur bureau, refirent leurs plans et leurs calculs. L'Orme à Martin serait sauvé. Fort bien.

Grattent les pelles, tournent les camions et monte le béton.... Ah mais ! Personne n'avait songé à cela ; la voie ferrée devait passer en creux,  dans une tranchée de neuf mètres, pour que les trains fassent moins de bruit, et l'Orme à Martin se trouvait juste dans la pente du talus, il empêchait de creuser. Cette fois, trop tard, on ne pouvait rien pour lui, rien que l'abattre.

Mais il est une chose que bien peu de gens savent. Cela remonte à bien avant les villes nouvelles et même avant les châteaux et les guerres et tout ce que vous pouvez imaginer. Je vais vous la dire.

Il fut un temps où les hommes parlaient avec les arbres, pas comme je vous parle bien sûr, ce serait trop facile ; je veux dire qu'ils connaissaient leur langage et que les arbres, du moins certains, recueillaient dans leur feuillage le bruissement des histoires que les hommes racontaient. Ces arbres-là avaient pour nom : arbres-mémoires. Aujourd'hui encore il en demeure un par pays. C'est du moins ce qu'affirment certains vieux et des petits enfants qui ne sont pas allés à l'école.

Mais n'est pas arbre-mémoire qui veut. Il faut être solitaire, capable de vivre des centaines d'années, avoir un énorme feuillage, être prêt à tout entendre et, bien sûr, à tout retenir. L'Orme à Martin était de ceux-là.

L'Orme à Martin allait mourir !... Le bruit courut de rivières en forêts. Les hommes, eux, pour se consoler, se dirent que tous les ormes étant condamnés par maladie, on n'allait pas en faire un drame. Ils ne se rendaient pas bien compte. Mais les oiseaux l'entendirent autrement. On ne laisse pas mourir comme ça un arbre-mémoire. Ils le savent en naissant. Ils se souvinrent de la coutume et firent ce qu'ils avaient à faire...

La veille de sa mort, deux oiseaux de chaque espèce soigneusement choisis par les leurs se réunirent dans le feuillage de l'arbre, à la tombée du jour. Sitôt que le soleil fut couché, là-bas, derrière les grues et les camions, ils firent silence et l'Orme se mit à parler dans son langage. Toute la nuit il raconta, s'arrêtant juste un instant entre deux récits, le temps de bien choisir ses mots. Toute la nuit  il donna ses contes et vida sa mémoire, consciencieusement, malgré sa crainte de ne pas en venir à bout avant que le soleil se lève à nouveau.

Les oiseaux, qui ne sont pas très attentifs et qui le savent s'étaient organisés comme le veut la coutume ; le premier tout en haut écouta le début et, quand sa tête fut pleine, il battit de l'aile pour faire signe au deuxième, qui retint tout ce qu'il put puis battit de l'aile pour faire signe au troisième, ça s'est toujours passé comme cela, toujours, depuis la première fois.

Pendant ce temps, dans leur baraque de chantier, à deux pas de là, Fredo, Ahmed, Jeannot et Mamadou dormaient, la tête pleine du bruit des pelles mécaniques.

Vers trois heures du matin, Ahmed sortit griller une cigarette. C'était pleine lune et, pour la dernière fois l'Orme projetait l'ombre de sa large stature autour de lui. Peut-être bien qu'Ahmed sentit quelque chose, car il s'attarda plus qu'à son habitude sur le seuil de la baraque, peut-être bien..... Mais l'arbre ne s'arrêta pas de conter, bien sûr ; il le faisait sans ordre, comme ça lui venait, jetant parfois un regard vers les étoiles pour s'assurer qu'il aurait le temps de tout dire. Ainsi tombèrent de l'Orme à Martin les histoires du pays de l'Essonne.

Les arbres  veillent sur notre mémoire. Fort bien.... 

jeudi 24 mai 2012

LA CHEVRE ET LES TROIS BIQUETS

Il y avait une fois une chèvre qui avait trois petits biquets.
Le premier s'appelait ALULU, le second BOULULU et le troisième SAKARISARITANOU.

Un jour comme toutes les chèvres de toutes les histoires, elle décide d'aller au marché et elle dit à ses petits :

- Surtout n'ouvrez que lorsque vous entendrez ma voix vous dire :    "j'ai de l'herbe autour de mes cornes, j'ai de l'eau au creux de ma langue, j'ai du lait plein mes pis, ouvrez moi mes petits."

- Oui maman, a dit Alulu.
  
- Oui maman, a dit Boululu.

- Oui maman, a dit Sakarisaritanou.

Et elle est partie....

Mais il y en a toujours qui guettent.....

Le premier c'était le chacal. Il s'approche de la porte de la maison et frappe :

-Qu'est-ce qu'elle a dit déjà cette vieille biquette ???? Ah oui !! J'ai de l'eau autour de mes cornes, j'ai de l'herbe au creux de ma langue, j'ai du lait plein mes pieds ouvrez-moi mes biquets !!!

- Ah ce n'est pas notre maman, a dit Alulu.
- Ah non, a dit Boululu.
- Eh bien on ne t'ouvre pas, a dit Sakarisaritanou.

Et le chacal est reparti comme un piteux.....

Le deuxième, c'était le chien sauvage. Il s'approche de la porte, frappe :

- Ouvrez, ouvrez mes p'tits enfants, c'est moi, c'est moi votre maman, j'ai de l'eau autour de mes cornes et j'ai du bon lait plein mes pis, j'ai de l'herbe au creux de ma langue, ouvrez, ouvrez mes petits amis..... Oh oui !!!!

- Pas possible que ce soit notre maman a dit Alulu.
- Ah non, a dit Boululu.
- Tu peux rentrer chez toi, a dit Sakarisaritanou et il a ajouté : t'es NUL !!!!

Le troisième, c'était le loup (et il a tout dit comme la chèvre)

- C'est not' maman, a dit Alulu.
- Eh oui, a dit Boululu.
- On t'ouvre tout de suite, a clamé Sakarisaritanou.

Et ils ont ouvert, et le loup a fait GLOUP......Alulu, GLOUP.....Boululu, GLOUP..... Sakarisaritanou.

Quand la chèvre est arrivée et qu'elle a vu la porte ouverte, elle s'est doutée de quelque chose...Ils avaient disparu.

Elle est allée voir le chacal, elle a grimpé sur le toit de la maison et elle a crié :

- C'est toi qui a mangé mon Alulu, mon Boululu et mon Sakarisaritanou ???

- Mais non, a répondu le chacal, j'aurai bien voulu pourtant mais il ne m'ont pas ouvert.... Et toi arrête de taper sur le toit de ma maison, tu fais tomber des gravas dans le fricot !!

- Je vais aller voir le chien sauvage.

Elle a grimpé sur le toit de la maison et elle a crié :

- C'est toi qui a mangé mon Alulu, mon Boululu et mon Sakarisaritanou ????

- Arrête, arrête vieille biquette, arrête de faire tomber de la poussière dans mes assiettes. J'ai pas mangé tes trois biquets !!!! Oh Yééé !!!!

Elle est allée voir le loup.

- Loup, c'est toi qui a mangé mon Alulu, mon Boululu et mon Sakarisarirtanou ????

- Bien sûr que c'est moi et ils étaient bigrement bons....

- Et tu crois que cela va se passer ainsi ???? Demain sous le grand chêne, je te combattrai.

- Tu connais quand même l'histoire de la chèvre de monsieur Seguin ????

- Les chèvres ont vécu, elles sont libérées.

La chèvre est allée voir le forgeron :

- Affûte mes cornes, qu'elles deviennent aussi acérées que la lame d'un sabre, que je puisse combattre le loup. Je t'ai préparé une galette.

Le forgeron était gourmand, la galette était bonne, les cornes furent impeccablement affûtées.

Le loup qui n'a aucune idée, a fait la même chose.....mais..... il n'est pas pâtissier !!!! Eau, terre et bouse de vache !!!

Alors le forgeron (qui était gourmand) lui a limé les dents mais à plat, ce qui fait que le lendemain, il n'avait plus aucune dent dans la bouche.

Et ce fut un jeu d'enfant pour la chèvre que de l'ouvrir du gosier au pertuis !!!

Et elle a libéré Alulu, Boululu et Sakarisaritanou..... Et ils ont mangé une énorme galette !!!!

Et le loup, il est là étendu,  le ventre ouvert, les tripes au soleil, est-ce qu'on va le laisser ainsi ????

NON, car on en aura besoin pour d'autres histoires !!!! 

dimanche 15 avril 2012

LE LOUP BLANC


Il était une fois un homme qui avait trois filles. Un jour il leur dit qu'il allait faire un voyage.

- Que me rapporteras-tu ? demanda l'aînée.

- Ce que tu voudras.

- Eh bien ! Rapporte-moi une belle robe !

- Et toi, que veux tu ? demanda le père à la cadette.

- Je voudrais aussi une robe.

- Et toi, mon enfant ? dit-il à la plus jeune, celle des trois qu'il aimait le mieux.

- Je ne désire rien. Répondit-elle.

- Comment, rien !

- Non, mon père, rien.

- Je dois rapporter quelque chose à tes soeurs, je ne veux pas que tu sois la seule qui n'ait rien.

- Eh bien......je voudrais avoir...... la rose qui parle.

- La rose qui parle ? s'écria le père. Où pourrai-je la trouver ?

- Si tu dois me rapporter quelque chose... c'est cette rose que je veux ; ne reviens pas sans l'avoir.

Le père se mit en route. Il n'eut pas de peine à se procurer de belles robes pour ses filles aînées; mais, partout où il s'informa de la rose qui parle, on lui dit qu'il voulait rire et qu'il n'y avait au monde rien de semblable.

- Pourtant, disait le père, si cette rose n'existait pas, comment ma fille me l'aurait demandée ?

Enfin il arriva un jour devant un beau château, d'où sortait un murmure de voix ; il prêta l'oreille et entendit qu'on parlait et qu'on chantait. Après avoir fait plusieurs fois le tour du château sans en trouver l'entrée, il finit par découvrir une porte et entra dans la cour au milieu de laquelle était un rosier couvert de roses ; c'étaient ces roses qu'il avait entendues parler et chanter.

- Enfin, dit-il, j'ai donc trouvé la rose qui parle !

Et il s'empressa de cueillir une des roses.

Aussitôt un loup blanc s'élança sur lui en criant :

- Qui t'a permis d'entrer dans mon château et de cueillir mes roses ? Tu seras puni de mort : tous ceux qui pénètrent ici doivent mourir.

- Laissez-moi partir, dit le pauvre homme, je vais vous rendre la rose qui parle.

-Non, dit le loup, tu mourras.

-Hélas, dit l'homme, que je suis malheureux ! Ma fille me demande de lui rapporter la rose qui parle, et, quand enfin je l'ai trouvée, il faut mourir !

- Ecoute, reprit le loup blanc, je te fais grâce, et, de plus, je te permets de garder la rose, mais à une condition : c'est que tu m'amèneras la première personne que tu rencontreras chez toi.

Le pauvre homme le promit et reprit le chemin de son pays. La première personne qu'il vit en rentrant chez lui, ce fut sa plus jeune fille.

- Ah ! Ma fille, dit-il, quel triste voyage !

- Est-ce que vous n'avez pas trouvé la rose qui parle ? lui demanda-t-elle.

- Je l'ai trouvée, mais pour mon malheur. C'est dans le château d'un loup blanc que je l'ai cueillie. Il faut que je meure.

- Non ! dit-elle. Je ne veux pas que vous mouriez. Je mourrai plutôt pour vous.

Et elle lui répéta tant et tant de fois qu'enfin il lui dit :

- Eh bien ! ma fille, apprends ce que je voulais te cacher. J'ai promis au loup blanc de lui amener la première personne que je rencontrerais en rentrant dans ma maison. C'est à cette condition qu'il m'a laissé la vie.

- Mon père, dit-elle, je suis prête à partir.

Le père prit donc avec elle le chemin du château. Après plusieurs jours de marche, ils y arrivèrent sur le soir, et le loup blanc ne tarda pas à apparaître. L'homme lui dit :

- Voici la personne que j'ai rencontré la première en rentrant chez moi. C'est ma fille, celle qui avait demandé la rose qui parle.

- Je ne vous ferai point de mal, dit le loup blanc ; mais il faut que vous ne disiez à personne rien de ce que vous aurez vu ou entendu. Ce château appartient à des fées ; nous tous qui y habitons sommes enchantés ; moi, je suis condamné à être un loup blanc pendant le jour. Si vous gardez le secret vous vous en trouverez bien.

La jeune fille et le père entrèrent dans une chambre où un bon repas était servi ; ils se mirent à table, et bientôt, la nuit étant venue, ils virent entrer un beau seigneur : c'était le même qui s'était montré sous la forme du loup blanc.

- Vous voyez, leur dit-il, ce qui est écrit sur cette table ? Ici on ne parle pas.

Ils promirent encore une fois tous les deux de ne rien dire. La jeune fille s'était retirée depuis quelques temps dans sa chambre, lorsqu'elle vit entrer le beau seigneur. Elle fut bien effrayée et poussa de grands cris. Il la rassura et lui dit que, si elle suivait ses recommandations, il l'épouserait, qu'elle serait reine et que le château lui appartiendrait. Le lendemain il reprit la forme du loup blanc, et la pauvre enfant pleurait en entendant ses hurlements.

Après avoir encore passé la nuit suivante au château, le père s'en retourna chez lui. La jeune fille resta au château et ne tarda pas à s'y plaire : elle y trouvait tout ce qu'elle pouvait désirer ; elle entendait tous les jours des concerts de musique ; rien n'était oublié pour la divertir.

Cependant sa mère et ses soeurs étaient dans une grande inquiétude. Elles se disaient :

- Où est notre pauvre enfant ?

- Où est notre soeur ?

Le père, à son retour, ne voulut d'abord rien dire de ce qui s'était passé ; à la fin pourtant il céda à leurs instances et leur apprit où il avait laissé sa fille.

L'une des deux aînées se rendit auprès de sa soeur et lui demanda ce qui lui était arrivé. La jeune fille résista longtemps ; mais sa soeur la pressa tant, qu'elle lui révéla son secret.

Aussitôt on entendit des hurlements affreux. La jeune fille se leva, épouvantée. A peine était-elle sortie, que le loup blanc vint mourir à ses pieds. Elle comprit alors sa faute ; mais il était trop tard, et elle fut malheureuse tout le restant de sa vie.


mardi 27 décembre 2011

GALETTE HABILLEE D'OR



Ronde galette

Habillée d'or

Ronde galette

Tu caches encore

Entre tes miettes

Un vrai trésor.



Papier de soie

Secret de Roi

Papier d'étrennes

Baiser de Reine

Fève d'un jour

Et de toujours